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Coopération internationale dans les centres d’appels
Début octobre 2008, une délégation CFDT (composée d’un représentant confédéral, de la secrétaire nationale F3C en charge des centres d’appels et de l’international, de la responsable des prestataires du syndicat francilien et d’une déléguée syndicale centrale CFDT) s’est rendue à Tunis pour élaborer les objectifs et modalités de ce partenariat, en présence d’équipes d’entreprises enthousiastes et attentives…
Historique
A l’origine de ce projet, un accord de coopération passé entre la CFDT et l’UGTT en juin 2006 avait conduit à la formation de jeunes développeurs dans la région de Ben Arous près de Tunis. Résultat, en novembre 2007, l’UGTT comptait déjà 700 adhésions dans le seul secteur des centres d’appels téléphoniques. Dans un contexte de croissance de ce secteur en Tunisie, la F3C CFDT avait envisagé la possibilité d’une coopération avec l’UGTT sur ce champ professionnel, appuyée dans cette initiative par la confédération.
Dans un contexte où la politique d’achat des grands groupes français impose une course à la baisse des prix qui se traduit par les externalisations et délocalisations d’une partie du volume d’appels, la Tunisie observe un fort développement de cette activité (8000 salariés déclarés) avec l’implantation de nombreuses entreprises françaises. Ce développement s’accompagne d’une activité non déclarée avec des conditions de travail déplorables ne respectant même pas les standards locaux.
Des constats et enjeux partagés
Les enjeux sont multiples. Pour l’UGTT il s’agit :
- d’être présente dans un secteur qui se développe à grande vitesse contribuant au développement économique du pays,
- d’implanter et de pérenniser le syndicalisme dans le secteur privé avec des populations à enjeux pour la Tunisie (les jeunes et les femmes),
- de réguler le secteur et de construire des droits et des garanties collectives,
- de construire des liens de solidarité pour agir efficacement auprès des donneurs d’ordres et des maisons mères.
Pour la CFDT, cette coopération participe de la construction d’une approche alternative à la seule opposition frontale aux délocalisations. Elle permet de mettre en cohérence auprès des donneurs d’ordres et des sous-traitants la réalité et les intentions affichées de responsabilité sociale des entreprises. Surtout, la création de nouvelles solidarités entre militants en France et en offshore nous permet de nous battre pour la qualité des emplois, en Tunisie comme en France.
Plusieurs pistes d’actions et déjà des résultats
Ce partenariat se traduit par quatre axes d’actions principaux :
- la mise en réseau des équipes syndicales d’une même entreprise, en France et en Tunisie,
- l’aide à l’implantation de l’UGTT et des actions de syndicalisation,
- l’aide à la négociation de conventions (sectorielle, d’entreprise),
- la création d’un label social en Tunisie et au Maghreb.
Les premières actions consistant en la mise en relation de militants d’une même entreprise portent déjà leurs fruits et confirment que l’on obtient plus facilement quelque chose que l’on revendique tous ensemble. Ces échanges ont notamment permis une prise de conscience des réalités de part et d’autre, des premiers mouvements de grève et de mobilisation collective en Tunisie et déjà 1000 adhérents sur 8000 salariés recensés ( !), notamment chez Transcom, Teleperformance et Stream.
Forte de ses premiers succès, l’UGTT s’organise et a mis en place un comité de branche sur le secteur des centres d’appels. La principale revendication consiste en la mise en place d’une convention collective sectorielle pour réguler l’activité des centres d’appels en Tunisie, où il n’existe aucune disposition facilitatrice pour les femmes et où il est parfois exigé 48 heures de travail pour un téléconseiller !
Pour la F3C, la responsabilité d’une entreprise ne s’arrête pas aux frontières hexagonales ! Autrement dit, les délocalisations doivent être socialement acceptables. C’est pourquoi nous avions revendiqué et obtenu que les entreprises françaises candidates au label « Responsabilité sociale dans les centres d’appels » soient soumises à des audits sur tous leurs sites, y compris en offshore ! Le label peut donc être refusé à une entreprise française en raison de conditions de travail déplorables dans ses sites offshore, ce qui confirme la pertinence de notre coopération dans ce secteur.
Des coopérations avec le Maroc ne sont pas à exclure par la suite.