News
France Telecom : la spirale infernale des suicides
Hier, un salarié de France Télécom s'est jeté d'un viaduc autoroutier, après avoir écrit une lettre dénonçant le climat au sein du géant des télécommunications, portant à 24 le nombre de suicides d'employés de l'entreprise depuis 18 mois. L'employé, âgé de 51 ans, travaillait au sein d'une centrale d'appel à Annecy, selon la préfecture du département de Haute-Savoie.Marié et père de deux enfants, il avait laissé dans sa voiture une lettre à l'attention de son épouse, «évoquant sa souffrance par rapport à son contexte professionnel.
Bien que ce taux de suicide ne soit pas supérieur à la moyenne nationale, ce suicide est le 24ème depuis février 2008 au sein de France Télécom, une série noire qui a provoqué une vive émotion au sein du groupe et l'intervention de l'Etat, actionnaire principal, dans la gestion du dossier.
Les syndicats ont vivement réagi lundi à ce suicide en dénonçant les conditions de travail dans cette centrale téléphonique de l'agglomération d'Annecy. Selon le syndicat SUD-Solidaires, le salarié avait été récemment muté et ne se sentait «pas bien» dans son nouveau service, où «il était livré à lui-même». «C'est honteux. Il travaillait sur un plateau qui était connu depuis longtemps pour être invivable, il y avait une vraie indifférence, aucune humanité, on ne parlait que de chiffres, les salariés étaient de la chair à pâté», a réagi Patrice Diochet, de la CFTC (syndicat chrétien).
Le PDG Didier Lombard s'est «immédiatement» rendu sur le lieu de travail de l'employé. Le ministre du Travail Xavier Darcos lui a demandé d'accélérer les «négociations sur la prévention des risques psychosociaux» au sein de l'entreprise. Il a également annoncé à Annecy que l'opérateur téléphonique mettait fin «au niveau national au principe de mobilité des cadres, systématique tous les 3 ans».
A la mi-septembre le PDG avait promis de changer certaines méthodes de management, d'agir en coordination avec les syndicats et d'enrayer la «spirale infernale» des suicides, sous la pression du gouvernement français. Un numéro d'appel avec des psychologues extérieurs avait été lancé le 15 septembre et des discussions sur le stress avaient été lancées le 18 septembre entre les syndicats et la direction, pour tenter d'enrayer l'inquiétante spirale. Les syndicats demandent notamment que le gel des restructurations perdure jusqu'à la fin de l'année, et non jusqu'au 31 octobre comme promis par la direction.
Après ce nouveau suicide, le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) d'Olivier Besancenot a de nouveau réclamé la démission de la direction de France Télécom.