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Mondialisation syndicale vs mondialisation
Cliquez ici pour la version originale publiée sur le site du journal l'Economiste
- Uni Global Union offre son coaching aux syndicats marocains
- Des concertations avec l’UMT pour organiser le secteur des services
- Le rapatriement des call-centers au cœur des pourparlers
UNI Global Union est une union internationale des syndicats, spécialisée dans le secteur des services. En visite au Maroc pendant cette semaine, les responsables de l’organisation ont exploré la situation syndicale et actionné une coopération avec l’UMT afin de la doter des outils nécessaires pour se défendre dans un secteur où elle ne dispose pas de suffisamment d’expérience. La visite de la délégation d’UNI, intervient au lendemain des pressions exercées par le gouvernement français sur les opérateurs télécoms afin de rapatrier leurs services clientèle implantés au Maghreb. En ce sens, le syndicat est également entré en contact avec des groupes tels que Carrefour, Manpower… ainsi que différents centres d’appels et sociétés multinationales pour s’enquérir de la situation des travailleurs.
- L’Economiste : Vous êtes en contact direct avec L’UMT. Pourquoi pas les autres organisations syndicales?
- Mongi Abderrahim: Nous venons consolider nos rapports avec tous les syndicats marocains et plus particulièrement les secteurs affiliés à UNI Global, notamment la sécurité et la propreté, communication, postes, finances. L’objectif étant d’améliorer les relations avec ces secteurs et les aider à défendre plus efficacement les intérêts des travailleurs. Actuellement nous ne sommes en rapport au Maroc qu’avec l’UMT car il s’agit de la seule centrale syndicale affiliée à UNI. Nous n’interférons pas avec les situations syndicales internes du pays mais nous restons ouverts a pour discuter avec tout autre syndicat national.
- La France incite ses opérateurs télécoms à rapatrier les centres d’appel délocalisés au Maroc. Quel est votre réaction?
- M.A: Ce problème ne concerne pas uniquement le Maroc, mais plusieurs pays du Maghreb. Ce qu’il faut savoir, c’est que la faiblesse des rémunérations dans cette partie du monde fait qu’il existe aujourd’hui une concentration des activités de services. Avec la présence de plus en plus sensible des syndicats défendant les intérêts des travailleurs dans ces pays, la vérité est que les multinationales préfèrent quitter pour aller vers d’autres destinations moins contraignantes. Pour y remédier, UNI insiste pour que les organisations syndicales au Maroc, comme en France, ou dans d’autres pays, soient solidaires pour préserver les intérêts des salariés. Nous rejetons ce genre de décision et nous sommes actuellement en train de mobiliser les syndicats français pour qu’ils apportent un soutien fort aux travailleurs marocains des centres d’appels. Face aux défis de la mondialisation de l’économie, nous devons aussi mondialiser l’action syndicale.
- Avez-vous envisagé des actions concrètes de solidarité avec les travailleurs des centres d’appels du Maroc?
- Alice Dale: L’une des raisons de notre visite concerne justement ce point. Nous voulons voir en quoi nous pouvons aider. Nous ne venons pas avec des solutions prêtes, nous discutons avec les syndicats nationaux pour savoir quelle serait selon eux, la meilleure façon de réagir. Ce n’est qu’après que nous préparons un plan d’action conjoint.
Au regard de la situation actuelle du secteur, il nous semble que la priorité est à l’organisation des travailleurs. C’est une évidence, les centres d’appels manquent d’organisation syndicale. Toute mesure prise sans le renforcement des syndicats serait vaine.
- Comment voyez-vous cette révision de l’organisation syndicale?
- A.D: Il s’agit de mettre en place des unions et des syndicats pour les secteurs où les travailleurs ne sont pas protégés et informer ceux qui existent déjà sur les meilleures façons de diriger pour négocier en position de force. Pour le cas des services, comme dans beaucoup de secteurs récents, il n’existe pas de vraie tradition syndicaliste. C’est pourquoi la première phase c’est l’organisation des troupes. Ensuite, nous permettrons à ces syndicats de puiser dans la cinquantaine d’accords internationaux que nous avons signés avec des multinationales ou des fédérations internationales en vue de protéger les travailleurs.
- Que valent vraiment ces accords internationaux?
- A.D: D’une façon sommaire, ces accords engagent les multinationales sur le respect des droits des salariès. Ils précisent également que ces groupes devront travailler en concertation avec les syndicats dans le pays où ils sont implantés pour ajuster les rémunérations dans l’objectif d’atteindre les références nationales. Ces accords ont une réelle force probante car les multinationales sont plus vulnérables face à l’opinion publique et sont sous pression vis-à-vis de la loi dans leurs pays d’origine. Le fait d’avoir signé ces accords constitue pour nous un vrai moyen de pression sur ces entreprises. Pour renforcer la position des travailleurs, il ne faut pas seulement signer ces accords dans le pays en question, mais dans tous les autres pays et mettre ainsi tout le monde sur un même pied d’égalité. C’est de cette façon qu’on pousse les entreprises à respecter nos exigences et qu’on ne leur laisse pas le choix d’aller vers d’autres personnes qui accepteraient de travailler moins cher ou dans des conditions défavorables.
20 millions de travailleurs en portefeuille
LA délégation d’UNI Global Union était composée d’Alice Dale, chef du département Propreté et Services à UNI, d’Abdelhamid Jellali, vice-président d’UNI-Africa et de Mongi Abderrahim, coordinateur UNI pour la région d’Afrique du nord et du Moyen Orient. UNI Global Union représente 900 syndicats avec plus 20 millions de travailleurs. Elle agit dans 10 secteurs dont les télécoms, les finances, les call-centers, l’entretien, la sécurité et propreté etc. Sa mission est de développer et renforcer les syndicats affiliés et UNI Global Union pour améliorer les conditions de travail et de vie des travailleurs des services et secteurs connexes. UNI a signé 43 accords mondiaux avec les multinationales afin qu’elles reconnaissent les droits des travailleurs en Afrique, dans les Amériques, en Asie-Pacifique et en Europe. UNI a récemment ouvert un bureau à Tunis pour coordonner ses activités en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Propos recueillis par Ayoub NAÏM
Au Maroc comme dans d’autres pays de la région Mena, la mobilisation syndicale pour le secteur des services est encore embryonnaire. A droite Alice Dale chef du département Propreté et Services à UNI. A gauche, Mongi Abderrahim, coordinateur UNI pour la région d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient