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Tendances du marché du travail en Afrique
Invité du programme d’information de CNBC Africa « Open Exchange » à l’heure du petit déjeuner et en direct de Johannesburg, Philip Jennings, Secrétaire général d’UNI, a déclaré que la dernière initiative de Walmart aux Etats-Unis visant à étouffer les revendications légitimes des travailleurs avait entraîné une nouvelle vague de grèves. Il a indiqué que les agissements de Walmart étaient une nouvelle mise en garde pour l’Afrique du Sud et le reste du monde.
«Walmart serait bien stupide d’essayer de faire en Afrique du Sud ou ailleurs ce qu’il fait aux Etats-Unis. Nous avons organisé les travailleurs chez Walmart sur tous les marchés où l’entreprise s’établit mais cela a toujours été une lutte … Par exemple, cette semaine a eu lieu la toute première grève chez Walmart Brésil parce que l’entreprise ignore la situation locale du marché du travail et tente d’imposer le modèle nord-américain. Et c’est là une mise en garde pour tout le monde ici en Afrique du Sud. Vous avez des problèmes d’inégalité et d’injustice au travail et les gens se tournent vers le marché du travail étatsunien comme modèle, mais ce n’en est pas un. Le mode de fonctionnement de Walmart ne va pas résoudre les problèmes de développement de l’Afrique du Sud ».
Il est demandé à P. Jennings comment l’Afrique du Sud pourrait obtenir un avantage compétitif.
« Vous ne pouvez pas rejeter la faute sur le mouvement syndical. Il y a trop de problèmes structurels graves qui doivent être réglés ici. Il n’est pas compétitif d’avoir 64% de vos enfants qui n’atteignent pas l’âge de 12 ans. Il n’est pas compétitif d’avoir 5 millions de personnes de moins de 35 ans qui ne peuvent pas trouver du travail. Vous ne serez pas compétitifs si vous n’avez pas une vraie stratégie du travail pour développer les compétences de la main d’œuvre ».
En parlant globalement de l’Afrique, Jennings a affirmé que l’avenir était prometteur malgré les défis à relever.
« Il existe un énorme potentiel en Afrique et nous sommes très optimistes sur les avancées de l’Afrique mais il faut pour cela que vous fassiez ce qu’il faut en matière de développement des compétences et des apprentissages. Prendre les bons modèles, apprendre du modèle allemand, apprendre du modèle nordique où on investit dans le savoir-être des gens pour avoir des gens prêts pour le travail. Partout les employeurs disent qu’ils ne trouvent pas de gens qualifiés, de gens qui ont les compétences pour nous permettre d’accroître la productivité. Vous avez un problème de productivité en Afrique du Sud – il peut être réglé, il peut être résolu en travaillant avec le mouvement syndical ».
Jennings a déclaré que l’un des plus graves problèmes auquel l’Afrique est confrontée est sa trop forte dépendance au secteur informel.
« Les marchés de l’emploi sont trop orientés vers le secteur informel. Quand vous regardez la répartition du travail, c’est une minorité de la population qui a un travail décent et de qualité. Il faut donc trouver les moyens de ramener l’informel dans le formel. Cela permettra de stimuler la demande globale et d’accroître les compétences de la main-d’œuvre. »
Et Jennings d’ajouter qu’il est convaincu que le mouvement syndical en Afrique va dans la bonne direction.
« Le mouvement syndical sur ce continent est vivant et solide. Il doit affronter d’énormes changements structurels mais il va chercher de nouveaux membres et il grandit ….Nous cherchons à relever le niveau pour tous. Lorsque nous organisons des travailleurs dans une entreprise ou dans un secteur, nous essayons d’améliorer les conditions partout. Le reproche qui nous est fait de ne nous intéresser qu’à un petit groupe de travailleurs est totalement infondé. »
Jennings a conclu en disant, “Dans tous les débats que nous avons, que ce soit au G20 ou avec les gouvernements nationaux ou les structures régionales, ce que nous essayons de faire c’est de remettre l’emploi au programme et d’argumenter en faveur de la qualité de vie pour tout un chacun.
Nous avons des niveaux d’inégalité sans précédent, un système de répartition des richesses qui se traduit par l’afflux de la richesse vers le sommet. 20% de la population sud-africaine possède 70% des richesses. Les 20% du bas n’ont que 2,9% de la richesse. Et donc blâmer ceux qui sont en bas de l’échelle du malaise économique n’est pas correct. Nous devons trouver le moyen d’améliorer la situation plus rapidement pour ceux qui sont au bas de l’échelle.
Il va y avoir un bras de fer entre nous et il y aura des disputes concernant la répartition des revenus mais la répartition actuelle ne fonctionne pas, ce qui est mauvais pour la demande dans l’économie, et pour le moral du pays. Vous vivez un malaise et avez un sentiment de marginalisation ici ; la situation est très explosive. Pourquoi ? Parce que vous avez un tiers de la population qui est sans travail et vous avez des niveaux d’inégalité plus hauts que n’importe où ailleurs. Vous pouvez y remédier avec le mouvement syndical et la négociation collective. Je serais heureux de discuter avec n’importe quel employeur pour trouver un moyen plus juste de répartir le gâteau parce qu’aujourd’hui ce n’est pas le cas».
Regardez l’interview complète ici :