La Série Noire de France Telecom continue : un 25e suicide!
Il s’agit du 25ème suicide depuis 19 mois à France Telecom, en dépit de l’implication du gouvernement et des annonces de la direction pour enrayer cette spirale infernale.
Marié et père de famille, cet ingénieur de 48 ans travaillait dans le centre de recherche et développement du groupe à Lannion. Son médecin l’aurait mis en arrêt maladie depuis un mois car il n’aurait pas supporté d’obtenir le poste qu’il convoitait au sein du groupe et se sentait ainsi inutile.
Le PDG de France Telecom, Didier Lombard s’est rendu hier à Lannion en fin de soirée, sur le lieu de la tragédie, déjà endeuillé en août dernier, et a déclaré : « Plus que jamais, il faut que nous accélérions ensemble des mesures pour sortir de cette spirale infernale. Il faut absolument arrêter cette vague de suicides qui est en train de frapper l’entreprise. » Il avait précédemment fait son mea culpa le 9 octobre dernier en reconnaissant « ne pas avoir suffisamment pris en compte les signaux de détresse du personnel. » En effet, la transformation de France Telecom en société privée a imposé 59500 départs en neuf ans à partir de l’année 2000. Sur les trois dernières années seulement, 1/5e des effectifs a quitté l’entreprise et 14000 personnes ont été reconverties, souvent de force, dans des métiers dit prioritaires.
« C’est une terrible nouvelle, que je redoutais » a dit le nouveau numéro deux du groupe, Stéphane Richard, qui remplace Louis-Pierre Wenes, chargé des restructurations et très controversé par les syndicats qui l’accusaient de pratiquer des méthodes brutales. L’ancien directeur de Cabinet de Christine Lagarde, Ministre de l’Economie, Stéphane Richard juge qu’une délocalisation est indispensable et déplore : « on est peut d’être allé trop loin dans la mise ne place de toute une série d’outils de contrôle des salariés » :
Au même moment, les syndicats dénoncent le « management par le stress » et les « pressions de l’encadrement » au sein du groupe. Ils ont claqué la porte d’un Comité Central d’Entreprise (CCE) le 14 octobre dernier et surnomment un projet de la direction baptisé UI Excellence comme « un nouvel outil de flicage des salariés » dans les services d’interventions techniques, selon la CGT. L’ensemble des syndicats a voté une résolution pour « réclamer le gel de ce projet », a précisé Patrick Ackermann (Sud-PTT).
Alors que l’opérateur doit revoir sa stratégie et ses modes d’organisation en vue de proposer un nouveau contrat social à ses salariés, l’élection au conseil d’administration de France Telecom de trois représentants des salariés revêt un enjeu capital.
Cependant, après Telecom, la médiatisation des suicides amplifie le risque de contagion dans tous les secteurs de l’Economie. Pour la première fois, l’Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’Environnement et du Travail (Afsset) tire la sonnette d’alarme : « les consultations pour risques psychosociaux s’inscrivent à la première place pour les pathologies professionnelles en France et représentent 27% des causes de consultations. »