Secrétaire régional d’UNI Europa : notre vision de 2036
Le discours d’Oliver Roethig, Secrétaire régional d’UNI Europa, adressé au Congrès a été précédé de la présentation d’une vision glaçante et contre-utopique d’un monde dénué de droits syndicaux et des travailleurs en 2036.
M. Roethig a exhorté les dirigeants et membres d’organisations syndicales rassemblés à Rome à tout mettre en œuvre pour que cette terrible vision ne devienne pas une réalité.
Il a déclaré : « Déjà en 2016, une claire érosion de nos droits fondamentaux s’est engagée dans des domaines tels que les négociations collectives, la liberté d’association, le droit de grève et le droit à des conditions de travail sûres. Tout cela au nom de "l’amélioration de la compétitivité" et de la "lutte contre la crise". »
« Les réglementations nationales ne permettent plus de restreindre les multinationales, qui peuvent s’adonner comme elles le souhaitent au "tourisme financier" et monter les pays les uns contre les autres dans une spirale vers le bas. »
« Nous ne sommes qu’à un pas du monde idéal des néolibéraux européens, où le modèle social européen serait mis à bas et l’Union européenne réduite à une simple zone de libre-échange supplémentaire, sans aucune protection ni dimension sociale pour les travailleurs de l’Union ».
M. Roethig est ensuite revenu sur les deux principales causes de la crise actuelle, qui dure maintenant depuis plus de sept ans.
« Premièrement, l’une des raisons de la continuation de la crise repose sur le fait que cette crise économique permanente profite à ceux qui aimeraient affaiblir le mouvement syndical européen et voir disparaître les accords sociaux européens fondamentaux. »
« Deuxièmement, l’austérité et l’inégalité ont encouragé les démagogues et les opportunistes à penser qu’ils pouvaient ronger notre confiance en nos valeurs fondamentales de bien-être commun. Ainsi, ils bénéficient d’une couverture politique pour mener des attaques cyniques contre le modèle social européen. »
La Commission européenne et certains gouvernements nationaux ont tiré profit de la crise pour lancer une campagne anti-syndicale, destinée à nous démunir de notre force et à nous contraindre à lutter pour notre propre existence », a-t-il ajouté.
Selon M. Roethig, UNI Europa s’est retrouvée au cœur de ce conflit, car nos secteurs de services comprennent 70 % de l’ensemble des travailleurs, et ce fut à nous de tenir coûte que coûte.
« Aucun d’entre nous, que ce soit les individus ou les syndicats, ne peut leur tenir tête seul. Les syndicats de tous les pays et secteurs doivent faire front commun, avec détermination et solidarité. Sinon, les travailleurs du 21ème siècle ressembleront de près à ceux décrits dans la vision cauchemardesque du 19ème siècle racontée dans Oliver Twist », a-t-il indiqué.
Le Secrétaire régional d’UNI Europa a ensuite abordé les réussites clefs de l’organisation au cours de la dernière conférence régionale de Toulouse, tenue en 2011. Ces réussites comprennent :
- Un programme de mentorat pour les jeunes femmes destiné à les préparer à assumer des postes de direction, soutenu par la campagne « 40 for 40 ».
- Une influence sur l’élaboration des politiques de l’Union européenne à travers l’organe de surveillance du programme « Mieux légiférer » d’UNI Europa, « Better Regulation Watchdog ».
- Une alliance avec 18 syndicats liés à des multinationales sur les quatre dernières années.
- L’organisation de campagnes en Europe centrale et en Turquie.
- La mise en place d’un forum novateur rassemblant 13 dialogues sociaux afin de développer un front commun pour les secteurs des services.
- Une visibilité accrue de notre communication. Par exemple, la disposition d’affiches de campagne présentant des membres de la Commission se moquant de l’accord passé avec les partenaires sociaux du secteur de la coiffure.
- Une meilleure coordination avec les fédérations syndicales européennes et la CES, ainsi que des projets communs concernant, notamment, l’emploi précaire et un système de garantie de la jeunesse européenne.
M. Roethig a signalé que les résultats passés et à venir dépendaient d’une intégration étroite avec UNI Global Union : « L’union fait la force, alors soyons unis en Europe et au sein de la grande famille UNI dans le monde entier ».
Il a ensuite présenté les trois thèmes principaux de la Conférence :
- Le développement de la force de négociation : travailler à améliorer les conditions de travail de nos membres et de leurs familles.
- Le développement des syndicats : l’Europe n’arrivera à rien sur le plan social et économique sans les syndicats. Organisation de projets innovants en Europe de l’Est.
- Le développement d’emplois de qualité : lancement du Manifeste d’UNI Europa pour les services deux ans plus tôt. Opposition à la création d’une sous-classe numérique où règneraient un emploi précaire, ainsi que des revenus, une sécurité et une protection sociale plus faibles.
M. Roethig a conclu en indiquant que la vision contre-utopique présentée au début de son discours pouvait être évitée si nous travaillions ensemble pour changer l’Europe à l’aide de syndicats forts et d’un modèle social européen.
« Nous continuerons à travailler pour offrir un avenir qui profitera aux travailleurs et à leurs familles. Nous voulons offrir un meilleur avenir à tout le monde, et pas seulement à une minorité ! Ensemble, nous changerons l’Europe ! ».
Enfin, le Secrétaire régional d’UNI Europa a présenté une alternative positive à cette terrible vision, à laquelle nous pourrions accéder si nous atteignons nos objectifs avant 2036.