Négociations des Nations Unies à Bonn: l’accord sur le climat doit se faire avec les travailleurs, et non pas sans eux!
Bonn, le 23 Octobre 2015 – la dernière semaine de négociation avant la COP21 à Paris s’est achevée sur un débat houleux entre les pays riches et les pays pauvres, et un affaiblissement du texte pour les syndicats et employés.
Le paragraphe devant assurer “une transition juste pour les travailleurs et des emplois décents” qui était dans la partie opérationnelle du texte ne serait plus quand dans le préambule du texte proposé à Paris.
Pour Philip Jennings, Secrétaire Général d’UNI Global Union, “l’accord de Paris doit se faire avec les les travailleurs et non pas sans eux ! Les syndicats et les employés ont un rôle clef à jouer pour mettre notre économie sur les rails d’une transition juste vers une société sobre en carbone et cela doit être inscrit dans le cœur du texte. La croissance inclusive commence par l’inclusion des travailleurs dans l’Accord de Paris qui décidera de l’avenir de notre planète.”
“L’accord de Paris ne devrait entrer en vigueur d’en 2020 et ne mentionne que des engagements vagues à long terme. Les plus pauvres souffrent déjà des impacts du changement climatique. Nous devons prendre nos responsabilités au lieu de les reporter sur les générations futures. L’accord de Paris doit absolument lancer un signal politique fort pour que la mise en oeuvre des actions au niveau national s’accélère. Et c’est là aussi que les syndicats ont un rôle critique à jouer. Dans chaque pays, les employés, les employeurs et les gouvernements doivent s’assoir à la table des négociations pour préparer la transition juste vers un société sobre en carbone.”
Le manque d’ambition du projet d’accord est inquiétant. Des objectifs précis et chiffrés doivent réintroduits dans le texte. L’objectif de long terme, - rester en-dessous de 1.5 à 2°C d’augmentation de la température moyenne mondiale-, ne pourra être atteint que si nous visons la neutralité carbone d’ici à 2100 et si les pays revoient leurs ambitions nationales à la hausse. 95% des pays ont remis leurs propositions à la CNUCC, avec l’exception notable des pays pétroliers. Mais l’addition de ses objectifs nationaux, le compte n’y est pas. Le scénario actuel nous mène vers plus de 3°C d’augmentation, ce qui causerait des changements irréversibles et des pertes colossales pour les communautés et les travailleurs les plus pauvres.
Un nouveau rapport paru à Bonn intitulé La tuerie: qui paye pour les coûts réels des grandes entreprises du pétrole, charbon et gaz ? ( “Making a Killing: Who Pays the Real Costs of Big Oil, Coal and Gas?” ) pointe du doigt les multinationales leaders des énergies fossiles, dont les profits ne cessent d’augmenter mais qui ne paient pas pour les dégâts causés par le changement climatique. En 2013, le typhon Haiyan (Yolanda) qui a dévasté les Philippines a tué plus de 7300 personnes et déplacé 4 millions de personnes. Les dégâts ont été estimés à 10 milliards de dollars. La même année, Chevron a enregistré 21.4 milliards de dollars de profit.
Les Philippines président également le Forum des pays les plus vulnérables, le « V20 » qui réunit désormais les vingt pays les plus impactés par le changement climatique. Pour eux, rester sous la barre des 1.5°C est une question de survie.
Lors de la clôture de la Conférence mondiale d'UNI Finance à Antalya, les syndicats du secteur finance ont aussi appelé les banques à augmenter d'urgence leurs investissements dans l'économie verte.
Correspondante sur place à Bonn:
Elise Buckle, Coordinatrice Climat UNI Global Union
elise.buckle@uniglobalunion.org , +41 79 278 48 90
A propos d’UNI Global Union:
UNI Global Union, basé à Nyon en Suisse représente plus de 20 millions de travailleurs dans plus de 900 syndicats situés dans le monde entire, dans les secteurs des services sont en plein essor. Plus de 90% des nouveaux emplois qui seront créés dans la prochaine décennie le seront dans les secteurs des services.