Message du Syndicat mondial au Forum économique mondial
La crise économique mondiale a pris des proportions catastrophiques car les filets de sécurité sociale ont été supprimés et dans le monde entier, les travailleurs supportent la plus grande partie du poids de la récession, tandis que le chômage progresse à pas de géant, a déclaré aujourd'hui UNI Syndicat mondial.
Les sociétés transnationales, les gouvernements et les ONG vont se réunir cette semaine dans le cadre du Forum économique mondial de Davos, Suisse. Le Forum se tient précisément à un moment où sont annoncées des suppressions d'emplois colossales dans quelques-unes des plus grandes multinationales du monde.
"La génération de la finance de casino a supprimé les filets de protection sociale, si bien que maintenant, les travailleurs tombent en chute libre" a déclaré Philip Jennings, Secrétaire général d'UNI. "Pour opérer un changement fondamental du système, il faudrait que chacun tire sur la même corde. Il nous faut un nouveau régime économique - "une économie de base"; en d'autres termes, il s'agit de placer les personnes au centre des plans de relance économique et de conférer à ces plans une dimension participative, venant de la base."
Rien que dans la journée d'hier, des grandes entreprises ont annoncé des plans de licenciement totalisant 80 000 emplois dans le monde – un autre coup de massue pour les familles de travailleurs.
À ce jour, les gouvernements ont établi des plans de sauvetage et injecté des fonds dans les institutions financières mais n'ont pas fait grand-chose pour endiguer les suppressions d'emplois. En fait, de nombreuses entreprises, y compris celles qui ont reçu des fonds de l'État, ont fait de la suppression d'emplois le pilier central de leur plan de relance.
La banque Citigroup en est un excellent exemple, a souligné Philip Jennings. Celle-ci a obtenu 45 Mds $ du gouvernement américain et a fait l'acquisition d'un nouveau jet flambant neuf de 50 Mios pour transporter ses dirigeants. Le Groupe a cependant refusé de discuter avec UNI et ses affiliés qui représentent les salariés du groupe dans le monde entier, à propos de son plan social visant à supprimer 50.000 emplois dans le monde.
"Le Gouvernement des Etats-Unis doit exiger de Citigroup de rendre des comptes quant à son "plan de relance" décadent et inutilement coûteux, qui assure un confort extravagant aux dirigeants exécutifs mais laisse le reste du personnel se débrouiller tout seul" a dit Jennings.
En octobre, l'Organisation internationale du Travail (OIT) avait averti que la crise financière augmenterait de 20 millions le nombre de chômeurs dans le monde. Selon les estimations de l'OIT, la crise pourrait faire augmenter de plus de 100 millions le nombre de personnes vivant avec moins de 2$ par jour.
UNI a souligné que les entreprises ne devraient pas sonner l'alarme pour justifier ensuite des licenciements à vaste échelle, et a appelé les chefs d'entreprises participant au Forum à présenter une stratégie de création d'emplois dans leurs établissements. Beaucoup d'emplois supprimés pour répondre à la crise pourraient bien ne jamais revenir, a averti UNI.
"Comme l'esprit grégaire qui règne en bourse, il existe un esprit grégaire en matière d'emploi" a déclaré Jennings. "Les gouvernements assistent sans rien faire à la montée du chômage alors que la première réaction des entreprises est de commencer par se débarrasser des travailleurs.
Quant à l'avenir, UNI considère que la réunion qui rassemblera au mois d'avril les dirigeants des plus grands pays industrialisés et en développement (G20) doit être un sommet pour l'emploi. Ce sommet devra être consacré à l'élaboration d'une stratégie mondiale pour l'emploi, créatrice d'emplois durables et bien rémunérés. Leurs détenteurs auront le droit de négocier collectivement au lieu d'être considérés comme une simple variable d'ajustement, que l'on peut supprimer pour économiser et amortir la chute trop brutale de revenu des directeurs exécutifs et des investisseurs.
UNI est le Syndicat mondial des compétences et des services et compte 20 millions d'adhérents dans 900 syndicats.
Pour de plus amples informations ou obtenir un entretien avec Philip Jennings au Forum économique mondial, contacter UNI au +41 79 888 0753 ou rachel.cohen@uniglobalunion.org.