Les CE européens dans le secteur de l'intérim
Planet Labor, 1er février 2011, n°110072– www.planetlabor.com
Alors que les entreprises de travail temporaire tardent à se doter de CE européens, la Commission européenne et la Fédération syndicale Uni-Europa ont lancé en octobre dernier un projet visant à favoriser l'émergence de réseaux syndicaux dans le secteur et la mise en place de ces organes d'information et de consultation transnationaux. En fin de semaine dernière, des représentants du secteur sont venus à Bruxelles faire le point sur le sujet.
C'est le secteur de tous les défis pour les syndicats, car l'intérim, par nature, est peu syndiqué. Rien qu'en Allemagne, seuls 1% des travailleurs du secteur font partie d'un syndicat. La mise en oeuvre de la nouvelle directive sur les CE européens n'y est donc pas facile. Lors d'une rencontre organisée les 28 et 29 janvier derniers à Bruxelles, des représentants syndicaux des principales entreprises de travail intérimaire en Europe – Adecco, Manpower, Randstad, Start People et B-Bridge - sont venus échanger et s'informer sur la nouvelle directive sur les CE européens dont la refonte a été adoptée par l'UE en 2009.
Spécificités du secteur. Ainsi que l'explique Rachel Owens, d'Uni-Europa, cette instance de représentation des travailleurs reste encore sous-développée dans le domaine du travail temporaire : « Actuellement, il n'y a aucun Comité d'entreprise européen dans le secteur de l'intérim et les entreprises ne s'engagent pas volontairement dans le processus visant à constituer des CE européens ». Selon elle, certaines spécificités du secteur font encore obstacle à l'émergence des comités : « le secteur est peu syndiqué et des questions se posent, notamment pour traiter de la différence de statut entre les travailleurs temporaires et les intérimaires ». En l'occurrence, les négociations qui ont d'ores et déjà pu s'engager dans certaines entreprises laissent cette dernière question à la discrétion des élus du personnel. Et ces derniers tranchent généralement en faveur d'une représentation équilibrée des « permanents » et des « intérimaires ».
Plateformes d'information. Mais pour l'heure, aucun CE européen n'a officiellement vu le jour dans le secteur de l'interim. Certaines entreprises ont mis en place des plateformes d'échange d'information, mais la consultation y est souvent inexistante. C'est le cas de PACE, la plateforme créée en 1999 chez Adecco. Selon les syndicats, l'information y est aussi souvent unilatérale, c'est-à-dire de la direction vers les représentants des travailleurs. Chez Randstad, une Plateforme européenne a été créée en 1996. Composée de 38 membres, elle se réunit deux fois par an. L'information circule un peu mieux, mais Danielle Jakabovitz, représentante CFDT en France, raconte la difficulté à communiquer entre les différents représentants européens : « nous avons un réseau intranet mais la communication manque de continuité car les personnes qui participent à la Plateforme changent souvent d'une année sur l'autre ». Fin 2009, direction et représentants des travailleurs ont signé un avenant à l'accord de 1996 qui intègre la notion de consultation. Mais, selon Danielle Jakabovitz : « la disposition n'a encore pas été mise en oeuvre, normalement c'est prévu pour 2011 ».
Danielle Jakabovitz (CFDT, France), Frederik Vanderhaeghen (LBC-NVK Belgique), Rachel Owens (Uni-Europa) et Marijke Goosens (LBC-NVK Belgique)