Une vision pour l’emploi réduira les inégalités
L’appel de Jennings pour des augmentations salariales pour les travailleurs a résonné à Davos. Lors d’une séance consacrée à la réduction des inégalités croissantes, J. Stiglitz et d’autres panélistes se sont accordés à dire, avec P. Jennings, que l’écart salarial était non seulement obscène mais qu’il freinait la reprise économique. L’influent professeur de management, Roger Martin, a déclaré que les travailleurs et les syndicats avaient été les « victimes collatérales » des changements de pouvoir intervenus depuis les années 1970.
Jennings a déclaré: “Un consensus existe sur le fait que nous devons augmenter les revenus des gens – les 99% ont besoin d’une augmentation de salaire.”
“Les excès de la finance ont apporté l’inégalité et l’instabilité économique “ a affirmé J. Stiglitz.
Roger Martin a quant à lui déclaré: “Les partis travaillistes traditionnels se sont coupés des préoccupations des travailleurs. Il y a un glissement des rapports de force, et nous avons assisté à des dégâts collatéraux. Les partis de droite se sont associés avec les élites ou les talents qui ont reçu de très grosses rémunérations.
Stiglitz a signalé que la société payait un lourd tribut à l’aggravation des inégalités. Il a indiqué que ces niveaux d’inégalité étaient manifestes aux Etats-Unis où le mythe américain des opportunités économiques ne sonnait plus juste. Le prix Nobel d’économie a déclaré que ceux qui gagnent au sommet de la pyramide sont les « chercheurs de rente » – ceux qui ont accès aux ressources naturelles et aux institutions financières – parce qu’ils engrangent d’énormes bénéfices sans pour autant contribuer.
Et Stiglitz d’ajouter: “Nous ne devrions pas accepter ces niveaux d’inégalité. Il ne doit pas en être ainsi. Cela peut se corriger”.
Jennings a exposé sa vision pour corriger le système économique défaillant mais a souligné qu’avant tout, il fallait permettre aux syndicats de faire leur travail.
Jennings a conclu en ces termes: “Je ne peux pas faire mon travail de dirigeant syndical et améliorer la vie des travailleurs si ces derniers n’ont pas le droit de s’organiser, comme c’est le cas chez Walmart aux Etats-Unis. Il est temps que les entreprises et les gouvernements prennent conscience que les syndicats font partie de la solution à la crise. L’effet de ruissellement des richesses de l’élite vers les 99% n’a clairement pas fonctionné, car il a été paralysé par les intérêts personnels. Il nous faut un système alternatif fondé sur des piliers solides, comme un salaire décent, l’égalité entre les sexes, un filet de sécurité sociale et une chaîne d’approvisionnement efficace qui respecte les travailleurs plutôt que de les exploiter. Nous avons besoin d’éducation et de formation pour doter les jeunes des compétences nécessaire pour faire un travail de qualité. Nous ne devons pas oublier non plus le potentiel que recèlent les emplois verts. Nous devons mettre ces piliers solidement en place et ensuite nous serons en mesure de réduire les inégalités, mais à condition que les entreprises changent de comportement et que les gouvernements commencent à dépenser beaucoup plus que l’actuel 1 pour cent du PIB pour le marché du travail. »
Lors d’une séance ultérieure, présidée par le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, P. Jennings a insisté pour que les emplois soient au premier rang des priorités des Nations Unies.