Le SG d’UNI à l’OMC : ‘Global Deal’ et ODD, un remède magique pour changer les règles du jeu en faveur des travailleurs
Photo copyright WTO/Jay Louvion
Cette semaine, Philip Jennings, Secrétaire général d’UNI Global Union, a fait un discours devant un groupe de haut niveau à l’OMC pour soutenir le ‘Global Deal’ en tant que moteur du changement en liaison avec les ODD. Jennings a également souligné le rôle majeur joué par l’OIT, berceau des normes du travail, et à incité l’organisation tripartite à se faire entendre sur les questions commerciales et les multiples accords commerciaux en cours de négociation à huis clos à l’OMC et ailleurs.
En réponse à un fonctionnaire du gouvernement du Bangladesh dans la salle, Jennings n’a pas mâché ses mots pour qualifier l’Accord sur le Bangladesh de modèle à suivre par les chaînes mondiales d’approvisionnement désireuses de promouvoir le travail décent. Il a rejeté comme totalement inexactes les affirmations du fonctionnaire bangladeshi selon lesquelles l’Accord avait été usurpé par une initiative du gouvernement du Bangladesh. Le nouvel Accord sur le Bangladesh entrera en vigueur l’année prochaine, une fois que l’Accord initial sera venu à terme après cinq années de bons et loyaux services. Le nouvel Accord, conclu pour trois ans, prolongera l’engagement d’UNI et de ses partenaires en vue de créer des conditions de travail sûres pour les travailleurs du secteur des vêtements au Bangladesh. Près de 50 marques l’ont déjà signé.
Jennings a déclaré : « Nous attendons avec impatience le temps où un Accord ne sera plus nécessaire, mais d’ici là, nous sommes attachés à changer les règles du jeu pour les travailleurs bangladeshi de l’industrie du vêtement sur le terrain. Il n’existe aucune alternative viable à l’heure actuelle. »
Jennings a ajouté : « Partout dans le monde, y compris au Bangladesh, les travailleurs voient leurs droits bafoués : ils ne sont pas protégés par des lois du travail efficaces, on leur refuse la liberté syndicale, le droit de négocier collectivement ou de faire grève. Un travailleur sur deux occupe un emploi vulnérable ; les enfants forcés à travailler atteignent un nombre record de 152 millions, et l’on compte aujourd’hui plus de personnes en esclavage qu’au XVIIIe siècle, au plus fort de la période du trafic des esclaves. »
« Voilà la triste et choquante vérité. Mais le ‘Global Deal’ et les superbes 17 ODD qu’il traduit montrent qu’il existe une meilleure option. En liaison avec la COP21 sur les changements de l’environnement, ils représentent un remède magique capable de changer notre société. Le dialogue social et les syndicats sont au cœur de ce nouveau narratif, tout comme l’OIT et ses normes du travail. Les syndicats mondiaux ont conclu plus de 200 accords mondiaux avec des entreprises qui doivent désormais rendre des comptes sur leur respect des droits des travailleurs et des droits de l’homme. Même le G20 a déclaré que la concurrence ne pouvait pas passer par des violations du travail décent. »
Deborah Greenfield, Directrice générale adjointe du BIT, a déclaré qu’il n’existait pour l’OIT aucun sujet plus important que le dialogue social, qui est enraciné dans l’ADN de l’organisation et en modèle les priorités.
Elle a précisé : « Le dialogue social s’appuie sur le principe simple selon lequel les personnes les plus touchées par les décisions prises doivent avoir le droit d’y participer et donc avoir un siège à la table. Des arguments commerciaux solides militent en faveur du dialogue social et par voie de conséquence en faveur de la nécessité de former les travailleurs afin de combler les déficits de compétences qui ne cessent de se creuser dans le nouveau monde du travail. »
Jennings a également abordé les défis du nouveau monde du travail, qu’il a appelé l’ère de la transformation.
« Nous devons mettre l’avenir du travail fermement au centre de la politique économique – les décideurs politiques ne peuvent pas continuer à mettre la tête dans le sable. C’est un point que la vision néo-libérale a trop longtemps ignoré. Des problèmes se posent au niveau du numérique, de l’inclusion et du commerce. Les droits du travail doivent être replacés dans le contexte du commerce. Les droits du travail doivent être correctement pris en compte dans les accords commerciaux tels que le TiSA, ce qui n’est pas le cas pour l’instant. Ce qui fait défaut, c’est un pilier social fort, et le ‘Global Deal’ nous offre un moyen de riposter. Nous sommes heureux que le FMI et la Banque mondiale reconnaissent enfin que les inégalités s’aggravent là où les syndicats ne peuvent pas faire entendre leur voix. Désormais, il est temps d’agir », a ajouté Jennings.
Oscar Stenström, ministre suédois des Affaires européennes et du commerce, a déclaré : « Nous avons besoin du ‘Global Deal’ pour corriger les inégalités : notre société n’a pas réussi à redistribuer équitablement les fruits de la richesse mondiale. »
Parmi les autres orateurs lors de la session du Forum public 2017 de l’OMC, « Partager les gains du commerce : le rôle du dialogue social et le ‘Global Deal’ » figuraient Anabel Gonzalez, Directrice principale du commerce et de la compétitivité à la Banque mondiale, Robert Koopman, économiste en chef à l’OMC et Sofia Vahlne, responsable des affaires syndicales de Scania. La session était animée par Shawn Donnan, rédactrice du Financial Times chargée du commerce mondial.
Le partenariat The Global Deal, mis au point par le Premier ministre suédois Stefan Löfven en coopération avec l’OIT et l’OCDE, a été lancé le 21 septembre 2016 par un noyau de partenaires fondateurs.
Vidéo expliquant le ‘Global Deal’ : https://www.youtube.com/watch?v=dE-7Gtn7baM
Le ‘Global Deal’ est un partenariat mondial qui vise à relever conjointement les défis du marché mondial du travail et à permettre à tout le monde de tirer profit de la mondialisation. Le ‘Global Deal’ est un partenariat réunissant de nombreuses parties prenantes conformément à l’objectif 17 (« partenariats pour les objectifs ») du programme de développement durable 2030 des Nations Unies. Il apporte également une contribution concrète à plusieurs autres objectifs, notamment l’objectif 8 relatif au travail décent et à la croissance inclusive, et l’objectif 10 consacré aux inégalités.