Hypocrisie criante en Corée: libération d’un dirigeant de Samsung, mais déni de justice pour les dirigeants syndicaux
Les syndicats du monde entier réclament aujourd’hui la libération immédiate de prison de Han Sang-gyun, Président du KCTU, et l’abandon des charges contre l’ancienne Secrétaire générale du KCTU, Lee Young-joo, alors que l’attention internationale se tourne vers la Corée pour le coup d’envoi des Jeux Olympiques d’hiver de PyeongChang.
Une cour d’appel de Séoul, en Corée du Sud, a suscité la controverse en libérant Lee Jae-yong, vice-président de Samsung Electronics, qui n’a passé qu’une seule année en prison, alors que les dirigeants syndicaux sont victimes d’un déni de justice.
Sharan Burrow, Secrétaire générale de la CSI, affirme : « Samsung opère au-dessus des lois dans un grand nombre de pays, où elle refuse les droits et la justice à des millions de travailleurs. Lee Jae-young, qui pourrait désormais être acquitté d’accusations de corruption portant sur des milliards de dollars, est libre de superviser l’empire commercial de Samsung, alors que les dirigeants syndicaux sont détenus et menacés de poursuites pour avoir lutté pour les droits de 6,4 millions de travailleurs irréguliers qui gagnent à peine US$6,90 de l’heure. Ce n’est qu’en libérant immédiatement le Président Han et en retirant les chefs d’accusation qui pèsent contre
l’ancienne Secrétaire générale Lee que la Corée du Sud rétablira la confiance dans la justice, les droits et la liberté pour les travailleurs. »
Philip Jennings, Secrétaire général d’UNI Global Union, ajoute : « UNI continuera à faire entendre sa voix haut et fort et à saisir la moindre occasion de réclamer la libération du Président Han. Lorsque d’autres collègues et moi lui avons rendu visite en prison, nous avons fait la promesse de nous battre pour lui et pour toutes les personnes injustement emprisonnées en Corée pour avoir exercé leur droit légitime de protester. Libérez le camarade Han ! »
Cela fait désormais près de deux ans que Han Sang-gyun est en prison pour avoir simplement exercé son droit démocratique à la liberté syndicale et au rassemblement pacifique. Le groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire a relevé que la privation de liberté infligée à Han était arbitraire et a demandé sa libération immédiate et son indemnisation. Il a également demandé au gouvernement coréen d’éviter de commettre des abus de procédure pénale dans le contexte de protestations pacifiques. Malgré les appels répétés des syndicats internationaux, Han n’a pas bénéficié de la grâce spéciale accordée par le Président coréen en décembre dernier. Au contraire, le 31 décembre 2017, l’ancienne Secrétaire général du KCTU Lee Young-joo a été arrêtée à l’hôpital par la police après une grève de la faim de dix jours au siège du Parti démocratique au pouvoir, dans le but de mettre un terme à la résidence surveillée qu’elle s’était elle-même imposée. Han et Lee avaient été mis en accusation pour leur rôle dans le rassemblement populaire du 14 novembre 2015. Celui-ci avait été organisé afin de protester contre la réforme régressive du droit du travail engagée par le gouvernement de Park Geun-hye en vue de précariser encore plus le travail et à laquelle le nouveau gouvernement du Président Moon avait promis de mettre fin.
Lee Young-joo a été licenciée de son poste d’enseignante en 2016, et le syndicat coréen des enseignants, auquel le gouvernement de Park Geun-hye a retiré sa certification, n’a pas réussi à la faire rétablir par le gouvernement de Moon Jae-in. Lee passera en jugement en février ou en mars.
Le mouvement syndical international, qui s’est félicité de l’élection du Président Moon Jae-in, s’attendait à ce qu’en tant qu’ancien avocat des droits de l’homme, il tienne ses promesses de campagne en révoquant les politiques anti-syndicales du gouvernement de Park Geun-hye, en ratifiant les Conventions 87 et 98 de l’OIT et en libérant Han Sang-gyun. Le Président Moon n’a toujours pas tenu ces engagements.