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Lors d'une conférence de haut niveau sur l'avenir du travail, se déroulant à Londres aujourd'hui, le Secrétaire général d'UNI Global Union, Philip Jennings, a déclaré que le mot clé qui manquait au débat mondial sur la révolution des emplois était "solidarité".

Jennings s'exprimait à la conférence inaugurale de "WorldPost Future Series" tenue à Lancaster House. Il a exhorté les leaders à ne pas sous-estimer la gravité du problème de l'emploi.

«Plus de 60 millions de postes de travail ont été supprimés depuis le début de la crise financière en 2008. En ajoutant ceux et celles qui arriveront sur le marché du travail au cours des cinq prochaines années, 280 millions d'emplois de plus devront être créés d'ici 2019. La moitié de la main d'œuvre mondiale a un travail précaire et un emploi sur trois est payé moins de $1,25 par jour. Rien que pour maintenir le statu quo, 1,8 milliard d'emplois doivent être créés d'ici 2030 » a relevé Jennings.

«Nous assistons à des niveaux d'inégalités dans la répartition des revenus comparables à ceux des années 1920. Nous vivons une période de prospérité mais uniquement pour 1% de la population. Il y a un mot qui manque dans le débat sur le monde de demain - c'est "solidarité". »

Il a indiqué qu'il y avait des solutions: «Nous avons besoin d'un nouveau filet de sécurité sociale incluant de nouvelles composantes comme la garantie d’un revenu de base, l'apprentissage tout au long de la vie, ou des mesures pour lutter contre le changement climatique. Un filet de sécurité exige de se reconnecter à l'idée d'une relation de travail, car il y a trop d’abus lorsque l’on passe d’un modèle de responsabilité à un système de travailleurs indépendants, qui brise la confiance et alimente l'insécurité.»

La répartition des revenus est la clé, explique-t-il : « Nous devons rehausser la part du salaire dans la richesse produite, viser des garanties de salaires vitaux, l'égalité de salaire entre les sexes et des limites aux salaires des PDG. Si nous relevons la part salariale et l'investissement public, nous pouvons créer des millions d'emplois. Si nous rendons nos économies plus vertes, nous pouvons créer des millions d'emplois en plus.

Combattre la polarisation du travail est également fondamental pour parvenir à une croissance inclusive.

«Des emplois de qualité, des normes équitables de travail et la négociation collective sont à la base d'une croissance durable. Nous devons augmenter les normes dans les secteurs qui sont considérés à faible compétence. À UNI, le syndicat mondial des secteurs des services, nous savons que des normes équitables de travail, soutenues par des syndicats forts ayant un pouvoir de négociation, créent du travail décent. Nous l'avons vu dans les secteurs du nettoyage et de la sécurité.»

Jennings a indiqué que le lieu de travail devait devenir plus démocratique pour s'adapter à la nouvelle ère de travail : « Les gens exigeront de se faire davantage entendre sur leur lieu de travail pour ce qui est de la formation, l'organisation du travail, la santé et la gestion du stress. La vieille mentalité de la pointeuse doit céder la place à des heures de travail plus courtes et productives avec un accès constant à la formation et à l'éducation. La croissance des emplois dans les services est essentielle. A l'avenir, les emplois augmenteront dans l'économie sociale, dans le secteur non lucratif, dans les soins et les collectivités.»

A la base de toute cette évolution figure la nécessité impérieuse de changement vers un nouveau modèle d'entreprise responsable, non fondé sur les gains à court terme des actionnaires mais sur l'égalité et la durabilité pour tous.

«Nous avons besoin de chaînes d'approvisionnement éthiques où la nouvelle référence sera l'Accord pour le Bangladesh, négocié par UNI Global Union et IndustriALL Global Union. Après tout, 80% du commercial mondial est lié aux chaînes d'approvisionnement. Tout est une question de croissance inclusive, ce qu’UNI a résumé par le slogan "avec vous».

Enfin il a ajouté que l'évolution des syndicats contribuerait à stimuler cette croissance durable.

«Les syndicats évoluent, nous avons davantage d'indépendants, de services et de cadres ainsi que de nouvelles demandes de services syndicaux. Et nous pouvons nous mobiliser : la semaine dernière, un million de voix ont poussé Benetton à contribuer au Fonds Rana Plaza. Nous mondialisons notre influence. Les syndicats mondiaux sont un pouvoir.»

Et Jennings de conclure: « Jean Jaurès disait: Nous avons pris la flamme du foyer de nos aïeux, non pas la cendre. Nous avons la flamme, nous sommes partie prenante pour trouver des solutions. Il y a un changement d'état d'esprit - les inconvénients des inégalités deviennent de plus en plus manifestes. Même le FMI est parvenu à la conclusion que si vous affaiblissez les syndicats, vous aggravez les inégalités, et vous désavantagez votre économie. Nous avons un avenir. »

Suivez la conférence sur Twitter ici : #FutureWork

- Pour en savoir plus : http://www.unigeneralsecretary.org/?p=403#sthash.e0GWNqQE.dpuf