UNI europa Poste & Logistique soutenue au sein Parlement européen
Au cours de la semaine de lobbying d’UNI europa Poste & Logistique, des syndicalistes européens du secteur des postes ont rencontré plusieurs députés européens et des représentants de la Commission.
Cette semaine de lobbying a très bien débuté grâce à diverses rencontres avec des députés européens et des présidents de commissions parlementaires. Elle a continué avec un brunch politique organisé avec le groupe S&D du Parlement européen et la Fédération autrichienne des syndicats (ÖGB). Pendant ces réunions et ce brunch, des représentants de plus de 15 syndicats de différents pays européens ont rencontré des députés européens de divers groupes politiques. Ceux-ci ont tous assuré leur soutien aux demandes d’UNI europa Poste & Logistique visant à obtenir un moratoire sur la mise en œuvre de la troisième directive postale marquant le coup d’envoi de la libéralisation totale du marché postal.
Brian Simpson, président de la commission des transports et du tourisme au Parlement européen et membre du groupe S&D, a rencontré la délégation d’UNI et donné des conseils sur la manière de travailler avec sa commission afin de répondre aux préoccupations des postiers, comme l’a fait Pervenche Berès, présidente de la commission de l’emploi et des affaires sociales.
Durant le brunch politique, organisé par l’eurodéputée autrichienne Evelyn Regner et présidé par l’eurodéputée allemande Jutta Steinruck, l’eurodéputée belge Isabelle Durant, vice-présidente du Parlement européen et membre du groupe des Verts/ALE au Parlement européen, a fait état des difficultés rencontrées par les services postaux en Belgique. Même le bureau de poste du bâtiment du PE à Bruxelles est touché par le processus de restructuration dû à la libéralisation et risque de fermer ses portes. Elle a déclaré qu’elle se battait déjà pour un service postal de qualité et de bonnes conditions de travail en Belgique et qu’elle voulait poursuivre cette lutte au niveau européen.
Dennis De Jong, membre du groupe Gauche verte nordique - Gauche unitaire européenne au Parlement européen, a fait part de son expérience aux Pays-Bas et donné un aperçu des conditions catastrophiques au sein du secteur postal. Ce groupe a déjà fait une demande orale de moratoire au Parlement européen et cherche le soutien d’autres groupes du Parlement. Des députés européens appartenant à d’autres groupes étaient également présents et ont insisté sur leur solidarité et leur soutien.
Les réunions avec la Commission européenne se sont avérées moins fructueuses. La DG Emploi comprend l’importance du besoin d’inclure les nouveaux concurrents dans le dialogue social européen et coopérera avec les partenaires sociaux à cette fin mais elle n’a pas pu soutenir les demandes de moratoire d’UNI. La DG Marché intérieur, quant à elle, ne voit pas les problèmes que le processus de libéralisation entraîne et ne perçoit que les avantages de la concurrence, soit, comme elle le prétend, un choix accru pour les consommateurs. Même après avoir entendu la délégation d’UNI parler des mauvaises expériences de la libéralisation aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Espagne et en Allemagne ainsi que de la situation désastreuse sur les marchés libéralisés, cette DG n’était pas convaincue de l’intérêt de procéder différemment. M. Kiljanski, chef de l’unité « Marchés postaux et Logistique » de la DG Marché intérieur, croit en la théorie d’un marché autoréglementé : si le service n’est pas bon, les consommateurs changeront de fournisseur. La DG Marché intérieur refuse donc d’envisager des mécanismes de réglementation pour garantir les conditions sociales et empêcher le dumping social. Du point de vue erroné de cette DG, aucune évolution, aucune modernisation ni innovation n'existerait dans les services postaux sans l'intervention de la concurrence. Il a pourtant été indiqué très clairement à M. Kiljanski que les entreprises postales avaient connu une modernisation constante au cours des siècles tout en offrant des services fiables et de qualité. Il a choqué la délégation par plusieurs déclarations provocantes. Par exemple, il a affirmé qu’il vaudrait mieux avoir 200 employés à mi-temps travaillant pour 5€ de l’heure que 100 employés à temps plein travaillant pour 10€ de l’heure. Plus étrange encore, il a prétendu que le chômage pouvait souvent s’avérer être une bonne chose car il recadre et stimule au changement !!
Jacques Lemercier, président d’UNI europa Poste & Logistique, et Neil Anderson, chef du secteur UNI Poste & Logistique, ont conclu que la coopération avec le Parlement européen avait un sens et serait poursuivie. « Comme l'ont clairement montré les réunions avec la Commission européenne, nous ne devons pas nous attendre à ce qu’elle prenne en compte nos préoccupations. Mais nous continuerons la lutte pour des services postaux fiables et de qualité fournis par des travailleurs bénéficiant de bonnes conditions de travail et de salaires corrects. » UNI europa Poste & Logistique va maintenant contacter les citoyens, les responsables politiques locaux et les groupes concernés et les informer des conséquences sociales de la libéralisation. Ensemble, nous aurons une chance d’influencer l’évolution du marché postal et de lui donner une direction acceptable. Nous demandons un moratoire sur la libéralisation des services postaux jusqu’à ce qu’une enquête sur les conséquences sociales soit réalisée, que les conditions sociales soient protégées sur tout le marché postal, que le financement des services universels soit garanti et qu’un moyen soit trouvé pour baser la concurrence sur la qualité et l’innovation.