Un rapport lance des signaux d’alerte sur le respect du devoir de vigilance par Teleperformance
- Les problèmes chez le géant français des centres de contact pourraient être le premier véritable test pour la loi sur le devoir de vigilance
17 avril 2019— Un rapport publié aujourd'hui relate en détail de sérieuses préoccupations concernant le respect de la loi sur le devoir de vigilance par le géant français des centres d'appels, Teleperformance, et établit ce qui pourrait être le véritable premier test pour cette loi.
« Teleperformance est l'un des plus grands employeurs français dans le monde et, bien qu'il soit actif dans certains des pays les plus dangereux pour les travailleurs, il est loin d'avoir développé un plan de diligence raisonnable adéquat pour garantir la protection des droits des travailleurs », a déclaré Christy Hoffman, Secrétaire générale d'UNI Global Union. « Le manquement apparent de l'entreprise aux exigences de la loi devrait alarmer les investisseurs et les clients. »
L'étude, rédigée pour UNI Global Union par le bureau d'études indépendant Syndex, constate que Teleperformance n'a fait aucun effort sérieux pour cartographier et atténuer les risques de violation des libertés fondamentales et des droits humains dans toutes ses activités, comme l’exige la loi française.
De plus, il semble que la société n'ait pas impliqué les parties prenantes requises dans l'élaboration de son plan de diligence, publié pour la première fois en décembre 2018.
Il n'y a pas de mécanisme d'alerte actuellement en vigueur pour signaler les violations des droits, bien que la société ait indiqué qu'un mécanisme non spécifié serait mis en place. Il n'y a pas eu de discussions avec les syndicats représentatifs, qui, en vertu de la loi sur le devoir de vigilance, doivent être consultés lors de la mise en place du mécanisme d'alerte
Ces manquements sont d'autant plus alarmants que les deux tiers des 300.000 salariés mondiaux de Teleperformance se trouvent dans des pays où les droits des travailleurs sont systématiquement violés. Selon la Confédération syndicale internationale (CSI), il n'y a "aucune garantie" du respect des droits fondamentaux du travail sur quatre des plus grands marchés du travail de Teleperformance (Inde, Philippines, Mexique et Colombie).
Bien que Teleperformance soit largement méconnue du grand public, presque tous les consommateurs ont eu de multiples interactions avec la société qui offre des services de relation client par téléphone, via les médias sociaux, le chat en direct, par e-mail, SMS ou WhatsApp pour certaines des plus grandes marques mondiales telles que Apple, Google et Orange.
En vue de l'assemblée annuelle des actionnaires de Teleperformance du 9 mai, UNI Global Union, qui représente 20 millions de travailleurs des services dans le monde, a transmis le rapport mercredi aux plus grands investisseurs et clients de Teleperformance ainsi qu'à des organisations non gouvernementales clés.
La loi française sur le devoir de vigilance a été adoptée en mars 2017. En vertu de cette loi, les grandes entreprises françaises doivent mettre en place des mécanismes de prévention des violations
des droits humains et des impacts environnementaux négatifs tout au long de leur chaîne de production, y compris pour leurs filiales et les sociétés sous leur contrôle. Ces mécanismes doivent faire l'objet d'un rapport annuel dans le cadre d'un "plan de vigilance".
UNI Global Union représente 20 millions de travailleurs des services dans 150 pays, dont plus de 3 millions de salariés du secteur des TIC. UNI ICTS a coordonné l'Alliance mondiale Teleperformance, une coalition de syndicats représentant les travailleurs de Teleperformance de 11 pays.
—FIN—