Initiative Suisse « Pour une poste forte » : déjà 120'000 signatures
Le message populaire est clair: le Parlement doit renoncer à la libéralisation totale du marché postal
Le message populaire est clair: le Parlement doit renoncer à la libéralisation complète du marché postal. Les 17 et 18 mai prochains, les membres de la commission compétente du Conseil national devront tenir compte du succès peu commun de l’initiative du Syndicat de la Communication, qui a rassemblé 120'000 signatures en cinq mois. La direction de la Poste, elle, doit prononcer un moratoire immédiat sur les fermetures d’offices de poste et autres restructurations.
La balle est désormais dans le camp du Parlement. Mais l’arbitre ultime de la partie que le Syndicat de la Communication a engagée contre le démantèlement du service public postal est connu: ce sera le peuple suisse. Le syndicat a en effet tenu son pari en récoltant, pour son initiative «Pour une poste forte», quelque 120’000 signatures avant la mi-mai – soit en cinq mois seulement! Il a pu compter sur le soutien de l’Union syndicale suisse et du Parti socialiste, organisations co-initiantes.
C’est donc fort d’un soutien populaire massif que le Syndicat de la Communication demande à la Commission des transports et des télécommunications du Conseil national (CTT-N), qui se réunira en début de semaine prochaine, de supprimer la libéralisation totale du projet de Loi sur la poste. Alain Carrupt, président du Syndicat de la Communication, est on ne peut plus clair: «Le syndicat est en ordre de marche dans l’attente du résultat des débats parlementaires. Si le Parlement devait, contre l’opinion visiblement majoritaire dans la population, décider la libéralisation totale du marché postal, nous saisirions sans hésiter le référendum, avec une grande confiance dans le résultat des urnes.»
Rolf Zimmermann, premier secrétaire de l’USS, insiste: «Le monopole résiduel doit être maintenu, avec l’actuelle limite des 50 grammes. La sécurité financière du service universel ne saurait s’en passer.» Or, ce service universel postal est justement l’autre enjeu de l’initiative. Il s’agit d’en assurer la qualité et la disponibilité sur l’ensemble de territoire, notamment grâce au maintien d’un vaste réseau d’offices de poste. «Le parti socialiste et les syndicats s’engagent pour qu’une majorité de la population ait accès à des prestations de service public de haut niveau, renchérit le président du PS Christian Levrat. Alors que la droite s’engage pour une minorité de privilégiés, pour les très gros clients de la Poste, pour les banques et les assurances, nous défendons les intérêts des consommateurs, des salariés, des régions périphériques.»
Moratoire sur le démantèlement du réseau postal
Si le Parlement et le Conseil fédéral détiennent den ombreuses clés de l’évolution du service public postal, la direction de la Poste Suisse en possède aussi plusieurs. «Or, la direction de la Poste procède depuis des années au démantèlement de son propre réseau, dénonce Alain Carrupt. Ce qui est une faute économique majeure. Car le réseau postal constitue une richesse pour l’entreprise, un avantage qu’aucun autre acteur ne pourra jamais contester. La Poste doit faire fructifier plus encore cet avantage, plutôt que de l’affaiblir continuellement.»
Le Syndicat de la Communication exige donc de la Poste qu’elle prononce un moratoire immédiat sur les fermetures d’offices de poste et sur tout nouveau projet de restructuration. Le peuple doit d’abord se prononcer sur l’initiative.