Des entreprises européennes refusent des droits syndicaux aux USA
UNI Global Union fait savoir qu’un nouveau rapport de Human Rights Watch, qui révèle l’inégalité de traitement pratiquée par de nombreuses entreprises européennes en ce qui concerne les droits des travailleurs aux Etats-Unis, souligne la nécessité de disposer de mécanismes permettant de mettre les entreprises face à leurs responsabilités en matière de politiques syndicales au niveau mondial.
Ce rapport donne un coup de projecteur sur les lacunes du droit américain du travail et sur la tiédeur de son application, ce dont les entreprises européennes profitent pour appliquer des règles différentes en matière de droits des travailleurs et des syndicats. Ce problème préoccupe gravement UNI et ses syndicats, qui y recherchent des solutions en nouant un dialogue direct avec les multinationales européennes et en organisant des consultations avec des institutions telles que l’Union européenne, l’Organisation internationale du Travail, les Nations Unies et le G20.
“Dans le bocal à poissons mondial, le comportement des entreprises est soumis à l’examen le plus poussé à tous les niveaux,” a déclaré le Secrétaire général Philip Jennings. “Des pratiques jusque là locales peuvent rapidement s’étendre au monde entier; un monde interconnecté nécessite des pratiques commerciales cohérentes et responsables. Il faut que les entreprises se soucient des risques qui planent sur leur réputation à l’échelle mondiale lorsqu’elles commettent des abus au plan local. Les consommateurs, les actionnaires, les régulateurs, les investisseurs et, bien sûr, les travailleurs et leurs syndicats escomptent des pratiques de gestion responsables dans tous les sites où une même entreprise est présente. La solution passe notamment par le travail avec des syndicats mondiaux.”
UNI estime que les conventions mondiales conclues avec les entreprises multinationales, où celles-ci s’engagent à mettre un terme aux pratiques antisyndicales et à abandonner les obstacles à la création de syndicats aux Etats-Unis comme dans tous leurs autres sites, constituent l’outil clé pour assurer les droits syndicaux pour les travailleurs partout dans le monde.
Le rapport de Human Rights Watch dresse la liste détaillée des activités d’entreprises ayant leur siège en Europe et qui ont repris à leur compte l’attitude anti-syndicale des entreprises américaines consistant à pratiquer systématiquement une intense opposition aux travailleurs qui souhaitent constituer des syndicats et négocier collectivement. UNI et ses affiliés connaissent cette situation depuis de nombreuses années, notamment chez T-Mobile USA qui appartient à Deutsche Telekom, DHL qui appartient à Deutsche Post et Tesco Plc, qui faisaient l’objet de l’étude.
UNI collabore étroitement avec ses affiliés américains et européens pour rechercher des solutions à ces problèmes et trouver le moyen de faire en sorte que les entreprises européennes accordent de meilleures conditions aux travailleurs américains. UNI estime que la coopération syndicale au plan mondial est la clef pour garantir les droits syndicaux dans le monde. Il s’agit là d’un élément essentiel du plan “Aller de l’avant” d’UNI dont les affiliés d’UNI discuteront lors du prochain Congrès mondial à Nagasaki, Japon.
Au niveau international, UNI a déclaré que le processus pour actualiser les Directives de l’OCDE et le travail de John Ruggie pour les Nations Unies constituent également des pas dans la bonne direction.
UNI va également demander à Human Rights Watch d’étudier le comportement des entreprises américaines qui exportent leur attitude anti-syndicale dans le monde entier, en tirant parti de toutes les faiblesses dans la législation ou l’application de la loi en matière de droits syndicaux dans les pays où elles ont une présence commerciale.
L’intégralité du rapport, “A Strange Case: Violations of Workers’ Freedom of Association in the United States by European Multinational Corporations”, est disponible à l’adresse: http://www.hrw.org/node/92719