Avec vous pour sauver la planète
Le changement climatique menace tout ce que le mouvement syndical défend: l’équité, la justice sociale et le travail décent. Tel est le message que le chef d’UNI, Philip Jennings, a fait passer dans le discours liminaire qu’il a prononcé à la Conférence internationale W3 à Toronto.
Invité par le Syndicat canadien des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), affilié à UNI et co-sponsor de la manifestation, Jennings a profité de cette occasion pour présenter son thème « Avec vous pour sauver la planète ».
« Parmi les défis qui attendent l’humanité, il n’y a rien de plus important que les dangers présentés par le réchauffement de notre planète. Nous n’avons pas de temps à perdre, » a martelé le Secrétaire général d’UNI. Jennings a décrit la bataille contre les changements climatiques comme une « guerre des classes », en soulignant que « ceux qui sont le moins responsables, les plus pauvres, sont également ceux qui payent le prix le plus lourd. »
« Les milliardaires se préparent des havres de sûreté pour eux-mêmes et pour leur argent, » a-t-il ajouté, « mais ce sont les travailleurs qui vont assumer le coût du changement climatique. »
Jennings a examiné certains des problèmes rencontrés par les pays pauvres à travers le prisme du Bangladesh, pays qui passe pour être l’exemple même des fluctuations extrêmes de la météorologie et du cycle de l’eau.
« Le Bangladesh est le modèle parfait de la menace posée par les changements climatiques. Une bonne partie du pays est située à quelques mètres au-dessus du niveau de la mer. On prévoit que celui-ci pourrait s’élever d’un mètre d’ici la fin de ce siècle, ce qui entraînerait le déplacement permanent de plus de 30 millions d’individus. »
Il a comparé les efforts entrepris pour améliorer la sécurité des usines de l’industrie textile au Bangladesh à la menace posée au pays par le réchauffement climatique. « Nous travaillons nuit et jour pour protéger les travailleurs du vêtement au Bangladesh, mais nous reconnaissons également que 30 millions de Bangladeshis sont menacés par une hausse du niveau des mers, » a-t-il précisé.
« Où les gens iront-ils lorsque 15% de leur pays sera inondé d’ici 50 ans et que les terres agricoles ne pourront plus nourrir la population? »
La conférence W3 Work in a Warmer World offre une plate-forme qui met le mouvement syndical et la recherche sur le travail au premier plan de l’amélioration de la durabilité environnementale dans le monde du travail.
Selon le 5e rapport du GIEC, la décennie écoulée a été la plus chaude jamais enregistrée. « Nous sommes tous ici pour relever l’immense défi du changement climatique et de son incidence sur les moyens de subsistance, » a déclaré Jennings.
« Les constats scientifiques sont clairs: tous les signaux sont au rouge. Au moment où je vous parle, la planète se réchauffe à une cadence rapide et sans précédent. »
« Il s’agit là à la fois d’un risque énorme et d’une formidable occasion à saisir pour le changement, si nous réussissons à unir nos forces. »
Le risque du changement climatique accroît également l’instabilité de l’économie mondiale au cœur de sa propre crise.
« Les recherches les plus récentes de HSBC identifient l’Inde, la Chine, l’Indonésie, l’Afrique du Sud et le Brésil comme les cinq pays du G20 les plus vulnérables aux effets du changement climatique. Ensemble, ils représentent un tiers du PIB mondial projeté pour 2050. Etant donné que ces économies émergentes sont l’avenir de la demande mondiale, c’est extrêmement important. »
« Le temps presse, et la possibilité d’une transition pacifique commence à s’amenuiser. Le monde doit réduire les émissions mondiales de 50% par rapport aux niveaux de 1990 et laisser plus de la moitié de ses réserves de combustibles fossiles dans le sol pour avoir la chance de limiter la hausse des températures à 2 degrés. Cela signifie que le monde doit parvenir à des sociétés à zéro émission d’ici 2050. »
« L’emploi et le travail décent font partie du cœur de métier des syndicats, et le changement climatique n’est pas propice à l’emploi. Mais les travailleurs ont le pouvoir de faire pression sur la transition vers une société à faibles émissions de carbone. »
Le lancement d’un accord mondial vert, a déclaré Jennings, pourrait enfin mettre un terme à l’épouvantable crise financière que nous traversons. Selon le PNUE, les investissements dans l’économie verte créeraient au moins 20 millions d’emplois dans le monde. Et les dernières recherches de la CSI montrent qu’un investissement de 2% dans tous les secteurs traditionnels peut créer 48 millions de nouveaux emplois dans seulement 12 pays sur 5 ans. Nous devons créer ces nouveaux emplois verts, mais aussi rendre verts les emplois bruns existants.
L’œil rivé sur le Congrès mondial d’UNI au Cap dans un an, Jennings a souligné l’importance que « le sauvetage de la planète » soit intégré comme un thème Avec vous.
« Nous nous faisons pleinement l’écho des sentiments exprimés par la CSI sous Sharan Burrow lors du récent échec des discussions climatiques à Varsovie, » a déclaré Jennings. « Il n’y aura pas d’emplois sur une planète morte. Nous n’avons pas de planète B. »