Les travailleurs de Deutsche Telekom sont quotidiennement victimes de menaces, de harcèlement et d’agressions
Bonn, Allemagne, le 13 décembre 2013 – Les employés de Deutsche Telekom, maison mère de T-Mobile, travaillent dans une atmosphère de cocotte-minute pour réaliser des performances pratiquement impossibles à atteindre. Telle est l’une des principales conclusions d’une nouvelle enquête publiée aujourd’hui et qui dresse la liste des abus dont sont victimes les employés de Deutsche Telekom hors d’Allemagne, et où figurent des menaces, des actes de harcèlement et des humiliations.
L’enquête a été lancée ce matin à Bonn, lors d’une conférence de presse organisée par ver.di et UNI Global Union, la voix des travailleurs des télécommunications dans le monde, et ses affiliés.
Cette enquête, menée auprès de 1800 travailleurs de sept pays en dehors du siège central de l’entreprise en Allemagne, a été réalisée par des affiliés d’UNI ICTS, le syndicat mondial du secteur des TIC. Parmi les pays couverts par l’enquête figurent la Bosnie Herzégovine, la Croatie, la République tchèque, la Grèce, le Monténégro, la Roumanie et les Etats-Unis. Tous les travailleurs étaient employés dans des entreprises détenues directement ou indirectement par Deutsche Telekom.
UNI ICTS fait partie d’UNI Global Union, qui représente les travailleurs des télécommunications dans le monde entier.
Philip Jennings, Secrétaire général d’UNI Global Union, a déclaré: « Malheureusement, cette enquête a confirmé nos pires craintes : une culture du harcèlement et de la peur aboutissant en fin de compte à des problèmes de santé s’est répandue dans tous les sites de Deutsche Telekom.
Il n’est pas juste qu’une entreprise qui, grâce aux âpres luttes menées par ver.di et aux législations du travail plus rigoureuses, traite ses travailleurs avec respect en Allemagne, puisse se permettre d’afficher un mépris aussi flagrant dans d’autres pays. Les syndicats qui représentent les travailleurs de Deutsche Telekom connaissent les problèmes et savent comment aider l’entreprise à les résoudre. Il est temps que Deutsche Telekom vienne s’asseoir à la table pour discuter d’une sortie de cette crise. Les résultats de l’enquête montrent qu’il ne s’agit pas de coïncidences. Il ne fait pas de doute que des problèmes systémiques doivent être résolus. »
Lothar Schröder, membre du comité exécutif fédéral de Ver.di, a déclaré : « Les conclusions de l’enquête confirment notre conviction selon laquelle Deutsche Telekom doit s’investir davantage pour assurer des conditions équitables et respecter les droits des travailleurs dans ses sites en dehors de l’Allemagne. Ver.di a promis de collaborer avec UNI Global Union et l’Alliance syndicale DT pour insister en faveur des solutions présentées dans le rapport. »
Les travailleurs de tous les pays signalent des menaces ou des cas de harcèlement au travail. Bon nombre d’entre eux indiquent avoir été directement victimes d’agressions, alors que d’autres déclarent avoir observé un comportement agressif envers leurs collègues. Il est frappant de relever que sur ceux qui ont rencontré des cas d’agression au travail, 93% indiquent avoir été victimes de harcèlement au travail : pressions exercées par les pairs, agressions verbales, dénigrement professionnel, démoralisation ou humiliation.
Invités à identifier les maladies ou les blessures liées à leur travail, la majorité d’entre eux évoque des troubles liés au stress. Pour reprendre leurs propres mots, les travailleurs parlent d’ « angoisse », de « stress », d’ « hypertension liée au stress », de « troubles anxieux », de « dépressions nerveuses », de « dépression et d’angoisse » et de « stress et d’angoisse sévère accompagnés de reflux gastriques dus au stress. » 57% de tous les travailleurs interrogés disent devoir fournir un travail posant un risque pour leur santé.
Voici quelques-unes des autres conclusions principales:
- Dans tous les pays de l’enquête, les travailleurs (72% des 1800 participants) déclarent que selon eux, la meilleure manière pour les travailleurs d’améliorer leurs conditions de travail consiste à passer par un syndicat et une convention collective.
- Dans pratiquement tous les pays, une proportion élevée de travailleurs interrogés exprime son inquiétude face au fait que l’employeur exerce des pressions pour empêcher les employés de participer au syndicat ou pour saper l’efficacité et la réputation de l’organisation.
- 49% des travailleurs Deutsche Telekom interrogés estiment que l’entreprise forme ses cadres pour qu’ils découragent les activités syndicales, et 67% révèlent que leur employeur parle en termes négatifs du syndicat ou de sa réputation.
- Les réponses des travailleurs des Etats-Unis, où il n’existait qu’une petite unité de négociation reconnue au moment de l’enquête et une organisation volontaire mais non reconnue de travailleurs T-Mobile USA, révèlent une campagne patronale très agressive et généralisée visant à empêcher les travailleurs de s’impliquer dans le syndicat et à saper leurs efforts pour consolider leur organisation et parvenir à des négociations collectives.
Larry Cohen, Président du Communications Workers of America (CWA), a déclaré : « Le CWA est déçu d’apprendre que les travailleurs des sites Deutsche Telekom en dehors de l’Allemagne subissent dans une large mesure les mêmes attaques visant les droits fondamentaux des travailleurs que les travailleurs T-Mobile aux Etats-Unis. Quoi qu’il en soit, nous allons tous collaborer avec ver.di et UNI Global Union jusqu’à ce que Deutsche Telekcom assume sa responsabilité envers la manière dont ses filiales et ses holdings traitent leurs travailleurs. »
UNI ICTS ainsi que l’Alliance syndicale Deutsche Telekom exhortent Deutsche Telekom à entamer sans délai un dialogue direct en vue d’aborder les questions des conditions de travail, de droits de l’Homme et de droits syndicaux identifiées dans le rapport. Ils incitent Deutsche Telekom à conclure un accord cadre mondial avec UNI Global Union, garantissant que les droits des travailleurs soient bel et bien mis en œuvre dans tous les sites de Deutsche Telekom ainsi que dans ses filiales et chez ses sous-traitants.
Contact
Richard Elliott, directeur des communications, UNI Global Union
Mobile: +41 79 794 9709, richard.elliott@uniglobalunion.org