Le Crédit Agricole doit être solidaire de ses salariés
Déclaration des représentants du Comité Européen aux dirigeants du groupe Crédit Agricole
Le comité restreint (bureau du comité européen) est particulièrement touché par les annonces de fermetures de filiales et les suppressions de postes qui vont entraîner la perte d’emploi pour de nombreux collègues.
Le rôle du C.E.E. est de donner un avis sur le sujet.
Les fermetures envisagées en Europe sont un mauvais signal pour le projet de groupe Crédit Agricole. Alors que votre objectif est d’acquérir une dimension européenne, vous auriez pu éviter ces fermetures car les montants que vous allez récupérer sont insignifiants par rapport au 18 Mds€ que vous recherchez.
Ces fermetures sont aussi un geste inapproprié pour l’image du Crédit Agricole.
Nous vous demandons de revenir sur ces décisions de fermeture.
Par ailleurs, avec qui allez-vous négocier ? Il n’y a pas de délégations syndicales en Hongrie, en République Tchèque, en Slovaquie, pas plus d’ailleurs qu’au Royaume Uni !
Comment les salariés seront-ils entendus, excepté ici, au Comité d’Entreprise Européen ?
Comment allez-vous traiter le personnel ?
Nous faisons appel au sens des responsabilités du Crédit Agricole car derrière ces chiffres alignés, il y a des êtres humains. Connaissez-vous les indemnités de chômage dans ces 3 pays ou, en plus de connaître des indemnités de rupture faibles, il n’y a quasi pas d’amortisseur social ?
Le Crédit Agricole n’est pas une banque capitaliste ordinaire, c’est une institution mutualiste et elle doit le montrer par des actes et des preuves, en référence aussi au projet de groupe.
Nous vous demandons de refaire vos calculs et si, au final, il devait quand même y avoir cessation d’activités, alors vous devrez proposer de nouveaux emplois dans le groupe, aider à la reconversion, accorder des indemnités décentes à chacun des salariés afin de reconnaître la loyauté de ces personnes qui, ayant travaillé pour le Crédit Agricole depuis des années, vont perdre leur emploi sans avoir démérité.
Nous demandons donc la mise en œuvre d’un système indemnitaire comprenant un socle élevé, commun à tous, et progressif en fonction de l’ancienneté.
Ce système ne doit évidemment pas être basé sur les seules règlementations légales car, à côté de cela, il existe des bonus de plusieurs millions d'€.
Martina DIMITROVSKA pour la Slovaquie et la République Tchèque où respectivement 16 et 85 emplois seront supprimés, les 2 succursales travaillant ensemble et dépendant du même directeur.
« Les personnes sont choquées, déçues, surtout que la rentabilité de la banque n’est pas mise en cause. Depuis l’annonce faite il y a 2 mois, la veille de Noël, nous n’entendons plus rien. Les personnes sont désorientées car aucun plan de départ n’est préparé. La direction a simplement demandé aux personnes de rester pour effectuer la clôture et que de ce fait, ils recevraient des indemnités supérieures aux indemnités légales. Depuis 20 ans, nous avons fait preuve de loyauté, nous espérons être traités correctement. »
Andras TASNADI : pour la Hongrie « nous sommes 59 personnes concernées et l’ancienneté moyenne est de 9 ans. Nous avons ressenti une forte émotion lors de l’annonce et l’incompréhension était totale.
Nous ne voyons toujours pas le bien fondé et la rationalité de cette décision.
Depuis 20 ans que CA-CIB est installé en Hongrie, l’entreprise a toujours été rentable, nous n’avons jamais dû passer de provisions pour des dépréciations d’actifs et notre COEX s’élève seulement à 33%, la moitié de la France. A fin 2011, notre consommation d’actifs pondérés (293M€) et de liquidité (180M€) était marginale à l’échelle du groupe. De plus, nous accompagnions la clientèle stratégique de CA-CIB (cfr. Les filiales locales des grands groupes du CAC40).
Nous espérons surtout que le Groupe réduira les impacts sociaux, nous faisons appel aux valeurs de solidarité du Groupe et nous souhaitons que la rupture douloureuse se passe dans les meilleures conditions. Il n’y a pas de protection sociale en Hongrie, la durée des indemnités de chômage est passée de 9 à 3 mois et elle s’élève seulement à maximum 190 €/mois. La durée moyenne pour retrouver du travail est de 17 mois.
Derek FACER : pour le Royaume Uni, « le Back Office serait transféré de Londres à Paris. Cela affecterait +/- 145 personnes. La décision n’a pas encore été rendue publique mais les personnes concernées ont été avisées. Les motifs sont peu clairs pour justifier cette décision.
Les licenciements n’ont pas encore été annoncés officiellement de même que les compensations financières éventuelles. La mobilité éventuelle vers la France serait difficile car ces personnes parlent pour la plupart exclusivement l’anglais.
Les salariés sont mis devant le fait accompli et un sentiment de frustration et de tristesse prédomine.
Les indemnités légales s’élèvent en moyenne à 1 semaine de salaire par année d’ancienneté.
La piste des reclassements internes sera explorée mais tout le monde ne sera pas reclassé. »
Le Crédit Agricole doit être solidaire de ses salariés.
Pour le Comité d’Entreprise Européen:
Pascal FESQUET (France), Jean-Paul DEBRUXELLES (Belgique), Vasileios CHAIRETIS (Grèce), Alain MORET (France), Cédric MOUTIER (France), Quintin PASTOR (Espagne), Matteo SALSI (Italie), Christophe BOUR (Luxembourg).
Yveta BRAVENCOVA (CA-CIB République Tchèque), Martina DIMITROVSKA (CA-CIB Slovaquie)
Andras TASNADI (CA-CIB Hongrie), Derek FACER (CA-CIB Royaume Uni)
Cabinet d'expertise du comité européen : SYNDEX (Lionel GIRARD, Stéphane PORTET).